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(Page créée avec « Rédacteur : Dr Maxime Beneyto (CHU Toulouse). Relecteur : Dr Nicolas Derval (CHU Bordeaux). = Définition et mécanisme = Comme son nom l’indique, il s’agit d’un automatisme jonctionnel anormal qui prend le pas sur le rythme sinusal. L’atrium est dépolarisé par voie rétrograde et le ventricule par voie antérograde. Il n’y a pas de circuit (pas de réentrée) ; le rythme peut donc théoriquement être dissocié des atria et/ou des v... ») |
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== Description électrophysiologique endocavitaire == | == Description électrophysiologique endocavitaire == | ||
En rythme sinusal (ce qui se produit rarement), l’exploration électrophysiologique ne retrouve pas de voie accessoire ni de dualité nodale. L’existence de cette dernière doit faire suspecter la tachycardie par réentrée intra-nodale qui est le principal diagnostic différentiel. | En rythme sinusal (ce qui se produit rarement), l’exploration électrophysiologique ne retrouve pas de voie accessoire ni de dualité nodale. L’existence de cette dernière doit faire suspecter la [[tachycardie par réentrée intra-nodale]] qui est le principal diagnostic différentiel. | ||
Lorsqu’elle n’est pas présente à l’état basal, la tachycardie est généralement difficile à induire par des extrastimuli atriaux ou des ''bursts'' atriaux ou ventriculaires. | Lorsqu’elle n’est pas présente à l’état basal, la tachycardie est généralement difficile à induire par des extrastimuli atriaux ou des ''bursts'' atriaux ou ventriculaires. | ||
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La durée de l’intervalle HV est similaire en tachycardie et à l’état de base. | La durée de l’intervalle HV est similaire en tachycardie et à l’état de base. | ||
Dans le cas où il y a une conduction rétrograde en 1:1, l’entraînement ventriculaire en tachycardie va soit dissocier les atria, soit donner des résultats similaires à ceux qui auraient été obtenus lors d’une réentrée intra-nodale. Durant l’entraînement, il faut plus d’une capture ventriculaire complète pour entraîner les atria car il faut pouvoir pénétrer le nœud atrioventriculaire en rétrograde. La différence SA-VA est longue car la dépolarisation du ventricule et des atria se fait en série au lieu de se faire en parallèle. A l’arrêt de l’entraînement, on observe une réponse de type VA(H)V (Figure 3). | Dans le cas où il y a une conduction rétrograde en 1:1, l’entraînement ventriculaire en tachycardie va soit dissocier les atria, soit donner des résultats similaires à ceux qui auraient été obtenus lors d’une [[Tachycardie par réentrée intra-nodale|réentrée intra-nodale]]. Durant l’entraînement, il faut plus d’une capture ventriculaire complète pour entraîner les atria car il faut pouvoir pénétrer le nœud atrioventriculaire en rétrograde. La différence SA-VA est longue car la dépolarisation du ventricule et des atria se fait en série au lieu de se faire en parallèle. A l’arrêt de l’entraînement, on observe une réponse de type VA(H)V (Figure 3). | ||
Cet entraînement va induire une inhibition temporaire de | Cet entraînement va induire une inhibition temporaire de l’automatisme anormal par la stimulation. A son arrêt, le cycle retour (PPI) au niveau du ventricule sera toujours long, quel que soit l’endroit où il est réalisé (Figure 3). Il en sera de même à l’arrêt d’un entraînement atrial (Figure 5). | ||
[[Fichier:Figure 3 - VOP.jpg|néant|vignette|999x999px|Figure 3. Représentation d’un entraînement ventriculaire lors d’une tachycardie jonctionnelle automatique. La partie haute correspond à un enregistrement endocavitaire et est détaillée en bas par un « diagramme en échelle ». Les trois premiers complexes surviennent spontanément en tachycardie. Celle-ci présente un cycle dénoté « TCL » (tachycardia cycle length). L’intervalle VA en tachycardie est annoté et est court. Le quatrième complexe ventriculaire correspond à une stimulation électrique délivrée à l’apex du ventricule droit (étoiles orange sur le diagramme en échelle). Il est donc légèrement prématuré et vient modifier la séquence de la tachycardie : le potentiel hissien passe après le potentiel ventriculaire et les potentiels atriaux sont décalés dans le temps. L’intervalle entre le stimulus ventriculaire et le potentiel atrial est dénoté « SA » et est long. La différence SA-VA est supérieure à 85 ms. Le huitième complexe ventriculaire correspond au dernier stimulus de l’entraînement. Il génère un potentiel ventriculaire (V) puis un potentiel atrial (A) ; la tachycardie se poursuit (indispensable à la validité de la manœuvre) avec un potentiel hissien (H) puis un potentiel ventriculaire (V). La réponse à l’arrêt de l’entraînement ventriculaire est donc VAHV. L’intervalle entre la dernière stimulation ventriculaire et le premier potentiel ventriculaire suivant en tachycardie est dénoté « PPI » (post pacing interval). On remarque qu’il est long (différence PPI-TCL supérieure à 110 ms) et correspond au temps nécessaire à la réémergence de l’automatisme anormal de la jonction qui avait été supprimé par l’entraînement.]] | [[Fichier:Figure 3 - VOP.jpg|néant|vignette|999x999px|Figure 3. Représentation d’un entraînement ventriculaire lors d’une tachycardie jonctionnelle automatique. La partie haute correspond à un enregistrement endocavitaire et est détaillée en bas par un « diagramme en échelle ». Les trois premiers complexes surviennent spontanément en tachycardie. Celle-ci présente un cycle dénoté « TCL » (tachycardia cycle length). L’intervalle VA en tachycardie est annoté et est court. Le quatrième complexe ventriculaire correspond à une stimulation électrique délivrée à l’apex du ventricule droit (étoiles orange sur le diagramme en échelle). Il est donc légèrement prématuré et vient modifier la séquence de la tachycardie : le potentiel hissien passe après le potentiel ventriculaire et les potentiels atriaux sont décalés dans le temps. L’intervalle entre le stimulus ventriculaire et le potentiel atrial est dénoté « SA » et est long. La différence SA-VA est supérieure à 85 ms. Le huitième complexe ventriculaire correspond au dernier stimulus de l’entraînement. Il génère un potentiel ventriculaire (V) puis un potentiel atrial (A) ; la tachycardie se poursuit (indispensable à la validité de la manœuvre) avec un potentiel hissien (H) puis un potentiel ventriculaire (V). La réponse à l’arrêt de l’entraînement ventriculaire est donc VAHV. L’intervalle entre la dernière stimulation ventriculaire et le premier potentiel ventriculaire suivant en tachycardie est dénoté « PPI » (post pacing interval). On remarque qu’il est long (différence PPI-TCL supérieure à 110 ms) et correspond au temps nécessaire à la réémergence de l’automatisme anormal de la jonction qui avait été supprimé par l’entraînement.]] | ||
Si une extrasystole atriale précoce est délivrée en tachycardie (dans le cas d’une tachycardie en 1:1), celle-ci doit pouvoir avancer le potentiel hissien survenant immédiatement après (Figure 4). C’est ce qui permet de différencier la tachycardie jonctionnelle automatique d’une tachycardie par réentrée intra-nodale (dans laquelle c’est le deuxième potentiel hissien qui est avancé). | Si une extrasystole atriale précoce est délivrée en tachycardie (dans le cas d’une tachycardie en 1:1), celle-ci doit pouvoir avancer le potentiel hissien survenant immédiatement après (Figure 4). C’est ce qui permet de différencier la tachycardie jonctionnelle automatique d’une [[tachycardie par réentrée intra-nodale]] (dans laquelle c’est le deuxième potentiel hissien qui est avancé). | ||
[[Fichier:Figure 4 - Early PAC.jpg|néant|vignette|599x599px|Figure 4. Représentation d’un extrastimulus atrial précoce délivré au cours d’une tachycardie jonctionnelle automatique. L’extrastimulus anticipe le potentiel hissien. La tachycardie reprend aussitôt.]] | [[Fichier:Figure 4 - Early PAC.jpg|néant|vignette|599x599px|Figure 4. Représentation d’un extrastimulus atrial précoce délivré au cours d’une tachycardie jonctionnelle automatique. L’extrastimulus anticipe le potentiel hissien. La tachycardie reprend aussitôt.]] | ||
A l’arrêt de l’entraînement atrial en tachycardie, on observe une réponse AHHA. Cela permet également de faire la différence avec une tachycardie par réentrée intra-nodale pour laquelle la réponse serait AHA. | A l’arrêt de l’entraînement atrial en tachycardie, on observe une réponse AHHA. Cela permet également de faire la différence avec une [[tachycardie par réentrée intra-nodale]] pour laquelle la réponse serait AHA. | ||
[[Fichier:Figure 5 - AOP.jpg|néant|vignette|999x999px|Figure 5. Représentation d’un entraînement atriale au cours d’une tachycardie jonctionnelle automatique. A l’arrêt de l’entraînement, la réponse est de type AHHA.]] | [[Fichier:Figure 5 - AOP.jpg|néant|vignette|999x999px|Figure 5. Représentation d’un entraînement atriale au cours d’une tachycardie jonctionnelle automatique. A l’arrêt de l’entraînement, la réponse est de type AHHA.]] | ||
Il faut noter que ces deux critères diagnostiques ont de rares exceptions rendant possible leur observation en cas de tachycardie par réentrée intra-nodale (en cas de double réponse, notamment). | Il faut noter que ces deux critères diagnostiques ont de rares exceptions rendant possible leur observation en cas de [[tachycardie par réentrée intra-nodale]] (en cas de double réponse, notamment). | ||
Lorsqu’il existe une dissociation atrioventriculaire en tachycardie, il convient de faire le diagnostic différentiel avec les tachycardies par réentrée infra-atriale (Figure 6).<ref name=":0" /> Il s’agit de tachycardies par réentrée impliquant des voies accessoires ventriculo-nodales ou ventriculo-hissiennes (qui n’ont donc pas besoin des atria pour se perpétuer à la différence des réentrées sur voies accessoires classiques). Ce mécanisme rend possible, tout comme dans les tachycardies jonctionnelles automatiques, l’existence de tachycardies à QRS fins dissociées des atria. Cependant, le ventricule fait alors partie du circuit, le cycle retour à l’arrêt de l’entraînement ventriculaire sera donc proche du cycle de la tachycardie (et des QRS fusionnés pendant l’entraînement ventriculaire pourront être observés). Au cours de ces tachycardies, la délivrance d’un extrastimulus ventriculaire en période réfractaire du His peut : | Lorsqu’il existe une dissociation atrioventriculaire en tachycardie, il convient de faire le diagnostic différentiel avec les tachycardies par réentrée infra-atriale (Figure 6).<ref name=":0" /> Il s’agit de tachycardies par réentrée impliquant des voies accessoires ventriculo-nodales ou ventriculo-hissiennes (qui n’ont donc pas besoin des atria pour se perpétuer à la différence des réentrées sur voies accessoires classiques). Ce mécanisme rend possible, tout comme dans les tachycardies jonctionnelles automatiques, l’existence de tachycardies à QRS fins dissociées des atria. Cependant, le ventricule fait alors partie du circuit, le cycle retour à l’arrêt de l’entraînement ventriculaire sera donc proche du cycle de la tachycardie (et des QRS fusionnés pendant l’entraînement ventriculaire pourront être observés). Au cours de ces tachycardies, la délivrance d’un extrastimulus ventriculaire en période réfractaire du His peut : |