Tachycardie par réentrée electronique
Physiopathologie
Le démarrage d'une tachycardie par réentrée électronique (TRE) nécessité plusieurs conditions :
- un mode de programmation en suivi atrial (par exemple, DDD ou VDD) ;
- une conduction rétrograde perméable ;
- une perte momentanée ou permanente de la synchronisation atrio-ventriculaire.
Les événements suivants peuvent déclencher une TRE :
- une extrasystole ventriculaire (cause la plus fréquente) ;
- une extrasystole atriale avec allongement du délai atrio-ventriculaire pour respecter la fréquence cardiaque maximale programmée ;
- un délai atrio-ventriculaire programmé trop long (la voie nodo-hissienne est sortie de sa période réfractaire au moment de la stimulation ventriculaire) ;
- une interférence externe ou des myopotentiels détectés par la chaine atriale ;
- un défaut de détection ou de stimulation atriale ;
- une période réfractaire atriale post-ventriculaire (PRAPV) programmée trop courte (la PRAPV est déclenchée par une détection ou une stimulation ventriculaire, un événement atrial survenant pendant cette période n'induit pas de délai atrio-ventriculaire) ;
- une absence d’extension de PRAPV après retrait d’un aimant, ou sortie de repli lors de la réassociation atrio-ventriculaire en un pour un ;
- la programmation du mode VDD chez un patient avec rythme sinusal plus lent que la fréquence minimale programmée ;
La détection d'une onde P' rétrograde hors période réfractaire induit le déclenchement d'un délai atrio-ventriculaire et donc d'une stimulation ventriculaire. Cette stimulation ventriculaire induit alors à son tour une conduction rétrograde avec une nouvelle onde P'. La TRE s'entretient alors : il s'agit d'une séquence répétitive dans laquelle le stimulateur réagit à chaque onde P' rétrograde en stimulant le ventricule à une fréquence élevée qui à son tour génère une onde P' rétrograde. Le cycle se répète ainsi indéfiniment, au moins jusqu'à l'apparition d'un événement permettant son interruption : par exemple, l'apparition d'un bloc rétrograde, l'intervention d'un algorithme spécifique du stimulateur ou l'intervention humaine sur la programmation lors d'un contrôle du dispositif.
Prévention
Différentes stratégies peuvent être utilisées pour prévenir la TRE :
- la programmation d'un mode sans suivi atrial, mais qui n'est pas toujours compatible avec les caractéristiques du patient et l'indication de stimulation cardiaque initiale ;
- la programmation d'une PRAPV plus longue que le temps de conduction rétrograde, néanmoins la programmation d'une PRAPV trop longue peut induire un bloc 2:1 à l'effort ;
- l'évitement de toute situation favorisant une perte de la syncrhonisation atrio-ventriculaire :
- la programmation de d'un délai atrio-ventriculaire court ;
- la programmation d'une détection atriale adéquate pour éviter la détection de myopotentiels ou d'interférences extérieures ;
- la programmation d'un allongement automatique de la PRAPV après retrait d'un aimant ou sur sortie de repli ;
- la programmation d'un allongement automatique de la PRAPV après une ESV.
Diagnostic et intervention par le stimulateur
Le mode de diagnostic d’une TRE varie en fonction des différentes marques de fabrication. Il est généralement basé sur la répétition sur plusieurs cycles d’une détection atriale (AS) et d’une stimulation ventriculaire (VP) avec une fréquence élevée et un couplage VP-AS fixe.
Les algorithmes d’interruption des TRE varient également en fonction des constructeurs. Le plus souvent, une fois le diagnostic de TRE suspecté, le stimulateur allonge temporairement la PRAPV pour que l'événement atrial suivant soit détecté dans la période réfractaire. Cet événement réfractaire ne déclenche pas de délai atrio-ventriculaire et donc de stimulation ventriculaire lors du cycle suivant, ce qui permet d'interrompre la tachycardie.