ECG et péricardite / myocardite aiguë

De Uness Cardiologie

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Péricardite aigüe :

Le péricarde étant dépourvu d’activité électrique, les modifications observées sur l’ECG sont indirectes. Les signes électriques d’une péricardite aigüe sont induits par l’altération diffuse des couches superficielles épicardiques du myocarde, provoquant ainsi des troubles de la repolarisation aspécifiques et évolutifs.

Patiente de 28 ans présentant une péricardite aigüe virale.


Nous observons donc les signes ECG suivants :

·      Sous-décalage du segment PQ descendant et diffus (Signe de SPODICK) lié à un courant de lésion sous-épicardique auriculaire, prédominant dans les dérivations périphériques. Il s’agit d’un signe précoce et spécifique ;

·      QRS non modifiés en l’absence d’épanchement péricardique et myocardite associés ;

·      Troubles de la repolarisation ventriculaire qui évoluent en 4 stades :

o   Stade 1 : Sus-décalage ST diffus < 5mm suivi ondes T amples, transitoire (dure de quelques heures à quelques jours), ascendant et concave vers le haut ;

o   Stade 2 : Retour à la ligne isoélectrique avec aplatissement des ondes T ;

o   Stade 3 : Aspect d’ischémie sous-épicardique caractérisé par des ondes T négatives dans les dérivations où siégeait le sus-décalage ST, visible au cours de la première semaine des symptômes ;

o   Stade 4 : Repolarisation normalisée après un délai de quelques semaines à quelques mois (rémission électrique est retardée par rapport à la rémission clinique).

À noter que la péricardite aigüe fait partie des causes d’arythmie atriale. En effet, l’inflammation du péricarde atriale semble être un cofacteur dans l’initiation de l’arythmie atriale chez les patients à risque.

Myocardite aigüe :

La myocardite aigüe correspond à une inflammation myocardique provoquée par un facteur infectieux, auto-immun ou médicamenteux.

Patient de 35 ans présentant une myocardite 15 jours après un épisode de gastroentérite virale.


L’ECG présente une sensibilité et une spécificité qui sont faibles. Cependant les anomalies ECG que nous pouvons retrouver sont :

·      Tachycardie sinusale ;

·      Sus-décalage du segment ST diffus, peu spécifique et transitoire. Les lésions ischémiques sous épicardiques sont probablement liées à des emboles coronaires favorisés par un état inflammatoire pro-coagulant mais également par un spasme coronaire lié à la libération des kinines vasoactives ;

·      Sous décalage du segment ST (rare) ;

·      Ondes T négatives et aplaties de manière transitoire, principalement dans les dérivations V2 à V6 ;

·      Présence d’onde Q avec faible amplitude des ondes R liée à la nécrose myocardique ;

·      Troubles conductifs et rythmiques dans les cas les plus graves.

Auteur(s): Nadir Moussaoui

Bibliographie

  1. ·      ECG tome 1 ECG normal et pathologique, Pr P. BORDACHAR. ·      Spodick DH. Diagnostic electrocardiographic sequences in acute pericarditis. Significance of PR segment and PR vector changes. Circulation. 1973 Sep;48(3):575-80. doi: 10.1161/01.cir.48.3.575. PMID: 4726240. ·      https://www.e-cardiogram.com.